La communauté Qalang Smangus : une gouvernance collective pour gérer durablement les biens communs naturels dans les montagnes de Taïwan

La communauté Qalang Smangus : une gouvernance collective pour gérer durablement les biens communs naturels dans les montagnes de Taïwan

Le petit village de Qalang Smangus abrite une tribu du peuple autochtone Atayal et vit dans une zone montagneuse du nord de Taiwan. La grande réussite de ces vingt dernières années est leur propre évolution vers une communauté durable qui produit ses propres moyens de subsistance et partage son bien-être avec toutes les créatures environnantes. Leurs principes : la souveraineté tribale, l’éco-occupation, la gouvernance « de facto » et une saine gestion des biens communs. Sans aucune reconnaissance ni soutien de la part du gouvernement, la communauté a émergé spontanément, faisant preuve d’une adaptation institutionnelle créative et d’innovation. De fait, Qalang Smangus semble même avoir été capable de transformer en quelque chose de positif les « éléments étrangers envahissants » du monde moderne, qui ont produit des résultats désastreux dans tant d’autres communautés autochtones.

Dans un environnement post-traditionnel, post-colonial, post-moderne et généralement complexe et difficile, la communauté a été capable, depuis janvier 2004, de développer une nouvelle méthode de gouvernance, fondée sur la propriété commune de tous les moyens de production. Cette méthode a été adoptée par le conseil tribal en même temps qu’un nouveau protocole communautaire tribal pour l’utilisation de la terre, la conservation des ressources naturelles et la gestion d’une entreprise d’écotourisme basée sur un système intégré de travail-savoir-croyance enraciné dans la tradition et appelé gaga. Tout comme pour la propriété foncière commune et les moyens de subsistance coopératifs de la communauté, les revenus de l’écotourisme (jusqu’à 60 000 touristes visitent chaque année le village!) donnent lieu à un salaire minimal distribué équitablement entre les hommes et les femmes. La communauté fournit aussi à tous le petit-déjeuner et le déjeuner (qutux nigan : la communauté est un lieu pour manger tous ensemble), prend soin des personnes âgées, soutient l’éducation primaire des élèves tribaux, offre des bourses pour l’éducation supérieure, etc… La communauté s’occupe aussi du logement des jeunes couples.

Qalang Smangus protège (et est protégé par) une forêt primaire patrimoniale de cyprès endémiques de Taïwan vieux de mille ans, qui comprend plus de 20 000 arbres géants. Dans le territoire traditionnel de la communauté, cette forêt constitue un modèle contemporain d’inspiration qui restaure le lien profond entre les humains et la nature et offre une alternative à tous ceux qui recherchent la survie, la renaissance et des moyens de subsistance durables pour les générations actuelles et futures. Personne ne devrait oublier, cependant, que Qalang Smangus continue toujours à résister aux multiples pièges provenant des politiques dominantes de l’Etat et du marché.

Légendes des photos :

  1. Le village tribal de Qalang Smangus comprend 30 familles, soit environ 180 personnes.
  2. Au début du printemps, le chef Masay Sulong, un chapeau rouge sur la tête, prépare un champ pour la culture de nouveau millet, en compagnie d’autres travailleurs.
  3. Un groupe tribal de construction porte du matériel pour la restauration d’un chemin.
  4. Lahuy Icyeh, responsable de la culture et de l’éducation, fait la lecture aux enfants de la tribu du premier livre d’images sur l’histoire du peuple Atayal.