La Comunidad de Paz de San José de Apartado : affronter la violence avec unité et solidarité en Colombie

La Comunidad de Paz de San José de Apartado : affronter la violence avec unité et solidarité en Colombie

Le gouvernement colombien affirme que la région d’Urabá est pacifiée, mais la paix dont il s’agit dans la région est la paix des tombeaux, de la peur et des armes.

Après un diagnostic collectif sur le harcèlement dont elle était l’objet par des groupes armés dans la région (paramilitaires, guérilleros et militaires), la communauté de San José de Apartado s’est transformée en 1997 en « communauté de paix», sur la base des principes suivants:

  • ne pas être partie prenante, ni directement ni indirectement, des conflits;
  • ne pas porter d’armes, de munitions ou d’explosifs;
  • s’abstenir de soutenir des groupes armés impliqués dans des conflits;
  • ne pas demander d’aide aux groupes armés pour résoudre des problèmes personnels et familiaux;
  • ne pas manipuler ni fournir des informations;
  • participer à des travaux communautaires et ne pas accepter l’injustice et l’impunité des faits.

A partir de là, ce groupe de familles paysannes a commencé à réfléchir, ensemble, sur comment faire front de manière pacifique aux groupes armés qui les harcèlent quotidiennement pour qu’elles les rejoignent ; comment produire collectivement de telle sorte que les gains soient partagés entre les gens qui travaillent, et comment faire pour que les femmes puissent travailler de façon égale aux hommes et occuper des postes de responsabilité. La communauté a commencé ainsi à mettre en place un système d’éducation alternative, enseignant aussi sa propre histoire et celle de ses dirigeant(e)s assassiné(e)s pour avoir défendu leur projet de vie différente, et qui permet de développer des solutions alternatives aux problématiques agricoles (par exemple l’énergie solaire, le savoir des sages-femmes, la connaissance des plantes et autres savoirs autochtones). Elle a aussi restauré la mémoire des assassinats et des lieux de l’horreur dans les salles de l’université populaire (la Communauté a subi plus de 700 violations des droits humains et plus de 172 assassinats).

La Communauté de Paix est un lieu de résistance au déplacement forcé des paysans en Colombie. Les pressions politiques et militaires pour qu’ils abandonnent leur territoire sont constantes, et les grands groupes économiques et politiques dans le pays ont les yeux fixés sur cette communauté qui vit dans un endroit à la fois riche en ressources naturelles et lieu de passage du trafic de drogue. D’un côté, la communauté a obtenu la protection du Système interaméricain des droits de l’homme et de la Cour constitutionnelle, pour la défense de son principe de neutralité dans les conflits. D’autre part, le gouvernement la considère comme une « communauté de guérilla » et ne fournit aucun appui contre les assassins et ceux qui l’attaquent. Mais nombreux sont aussi ceux qui la soutiennent moralement, y compris des prêtres, des philosophes, d’anciens maires, et des militants pacifistes de tous les coins du pays et du monde.