La conservation de l’ancienne langue thaï du Vietnam
Aider les locuteurs thaï vietnamiens à maintenir et à renforcer leur langue traditionnelle dans sept provinces du Vietnam (mis en œuvre par le Centre pour le développement durable dans les zones montagneuses-CSDM ; nominateurs : Jason Morris-Jung)
Le Centre pour le développement durable dans les zones montagneuses (CSDM) est une ONG vietnamienne travaillant activement avec de nombreuses communautés autochtones du pays. Leur vision commune est d’obtenir que tous les peuples défavorisés et les groupes de minorités ethniques soient en mesure de jouir de leurs droits, de bénéficier d’une haute qualité de vie et qu’ils puissent préserver et transmettre aux générations futures leurs cultures, traditions et coutumes. Parmi les groupes avec lesquels CSDM a travaillé depuis 2002 se trouvent des populations autochtones parlant une variété locale de la langue thaï. CSDM a aidé ces groupes à développer un réseau appelé «Savoir autochtone et minorité ethnique » (IK & EM), qui s’est consacré à la culture traditionnelle (chant et danse), à la phytothérapie et à la langue et la littérature thaï traditionnelles. Les membres des réseaux IK & EM sont herboristes, agriculteurs, enseignants, militants sociaux et fonctionnaires dans huit provinces du Vietnam. Les minorités ethniques thaï au Vietnam comptent environ 1 330 000 personnes, qui vivent surtout dans sept provinces montagneuses du nord-ouest. Au Vietnam, l’écriture thaï date du 11ème siècle. Il existe 8 différentes variétés locales d’écriture, qui ont toutes été utilisées dans la littérature ancienne. Au cours de la période coloniale française et jusqu’au début des années 1950, l’écriture thaï a été officiellement utilisée au nord-ouest du Vietnam, bien que n’étant pas enseignée dans les écoles. Après la libération du Nord Vietnam en 1956, une écriture appelée « écriture améliorée » a été enseignée aux enfants des minorités thaï dans les écoles primaires. En 1969, cependant, l’enseignement de la langue thaï a été arrêté suite à une décision de « suspension temporaire » par le gouvernement. Depuis lors, l’écriture thaï n’a pas réapparu dans les programmes scolaires, les documents juridiques ou dans l’enseignement au sein des communautés. L’écriture thaï du Vietnam est importante car elle peut jeter des ponts entre ce qu’on appelle les sous-groupes thaï « blancs et noirs » au Vietnam, mais aussi parce qu’elle peut être utilisée par des locuteurs thaï aussi bien au Vietnam que dans la région au sens large (Thaïlande, Laos et Chine). Grâce à cela, les gens peuvent partager des informations via la presse et même via Internet, car l’écriture thaï est déjà disponible en caractères Unicode. En fait, l’écriture thaï du Vietnam peut unir des enseignants thaï, des universitaires et des communautés en vue d’importantes actions de défense et d’apprentissage.
Ce projet vise à obtenir la reconnaissance de la langue thaï traditionnelle au Vietnam, à transcrire et à produire une documentation sur CD de l’épopée bien connue « xao Xong xon chu» (Adieu à son amant) et Khun Lu Nang Ua (Lu et Ua) en thaï traditionnel. Un atelier national sur la conservation, la revitalisation et la reconnaissance de la langue thaï sera organisé, suivi de trois ateliers au niveau provincial afin d’introduire l’écriture et des manuels scolaires thaï vietnamiens dans sept provinces.