Une alliance de peuples Maya pour défendre leur territoire et construire leur propre autonomie
La micro région Poniente de Bacalar, dans l’Etat de Quintana Roo au Mexique, est habité principalement par des communautés mayas. Dernièrement, en raison de l’ignorance de leurs droits collectifs, de plus en plus de terres ejidiales y ont été vendues et, en conséquence, le changements d’utilisation des terres a entraîné une augmentation de la déforestation. Le décalage intergénérationnel entre parents et enfants a favorisé cet état de fait, car les nouvelles générations ont perdu une grande partie de leur sentiment d’appartenance à la terre. De plus, la multinationale Monsanto a, depuis 2005, obtenu des autorisations des agences gouvernementales pour planter des organismes génétiquement modifiés, d’abord en phase expérimentale et, plus tard, à partir de 2012, au niveau commercial et pour une durée indéterminée. Face à cette menace, les apiculteurs et les paysans ont déposé des pétitions pour remettre en cause les permis accordés sur leur territoire et pour les dommages qu’ils entraînent, principalement en raison des fumigations de glyphosate – un produit chimique associé à la plantation de soja transgénique. Savoir que la société Monsanto a demandé un permis pour planter indéfiniment du soja transgénique dans cette région constitue leur préoccupation majeure. S’il lui est accordé, l’entreprise ne partira jamais et les communautés mayas ne pourront pas préserver leur mode de vie.
L’apiculture est une activité ancienne enracinée dans la culture maya. Avec l’entrée de produits transgéniques, il existe un risque que le miel organique, qui est la principale source de revenus des familles mayas dans la région, sera affecté. Un autre souci important est la contamination des eaux souterraines par l’infiltration des produits agrochimiques que le soja transgénique nécessite pour sa culture (principalement le glyphosate). La perte de biodiversité est un autre des impacts attendus, que ce soit en raison de l’utilisation du glyphosate ou du déboisement de grandes étendues de forêts, car les modèles de monoculture agro-industrielle nécessitent de vastes étendues de terres mécanisées et irriguées. Un autre risque encore est dû au déplacement du système milpa, source d’une grande diversité d’aliments et qui constitue la base de la sécurité alimentaire pour les familles mayas de la région.
Face à ces menaces, une stratégie a été développée qui s’occupe d’une part de la défense juridique, mais renforce d’autre part la base sociale, et en particulier les assemblées ejidales où les communautés ont le droit d’établir des règles pour leurs territoires. Pour cette raison, les règlements internes des ejidos sont en cours de révision afin d’interdire que la terre soit utilisée pour des monocultures transgéniques. De cette façon, pendant que les procès pour l’arrêt sont en cours, les structures décisionnelles impliquant l’ensemble de la communauté sont également régénérées. Ceci est d’une importance cruciale pour le Conseil Indigène, auquel des représentants des Mayas de différentes communautés participent en tant que porte-parole de leurs assemblées communautaires, au bénéfice d’une unité renforcée et d’une plus grande force au niveau régional. Des représentants de plusieurs communautés ont aussi commencé à travailler pour former le Conseil Régional Indigène de Bacalar Maya. S’il s’avère que le pouvoir judiciaire de l’État ne protège pas les communautés, ce seront les communautés elles-mêmes qui exerceront leur droit à l’autodétermination, à l’autoprotection et à l’autogouvernance.
La subvention de la Fondation PKF aide les communautés mayas à se rencontrer, à organiser des ateliers d’assistance juridique et de formation juridique, à mener des visites d’échange avec d’autres communautés impliquées dans la défense de leurs territoires et la reconstruction de leurs modes traditionnels de gouvernance, ainsi qu’à produire du matériel imprimé, audio et vidéo pour la diffusion d’informations sur les produits transgéniques.
Ce que les communautés veulent atteindre, c’est la création d’une alliance du peuple maya au niveau péninsulaire – pour défendre leur territoire et construire leur propre autonomie.