Engager la recherche action participative pour renforcer un réseau de solidarité mutuelle vers la médiation et la paix à Gulu, Ouganda
En Ouganda, les violations des droits de la femme sont fréquentes, en particulier dans le contexte post-conflit du nord du pays, ou les cas de violences physiques et psychologique sont enracinés dans des pratiques culturelles et des stéréotypes sexistes. Parmi les plus touchées par ces phénomènes sont les femmes des sous-régions de l’Acholi land, dans les districts de Gulu, Amuru, Omoro, Nwoya et Gulu city. Depuis près de 20 ans, une organisation basée à Gulu nommée Gulu Women Economic Development & Globalization (GWED-G) s’engage dans la région pour améliorer la situation en documentant et en reportant les cas de violations des droits des femmes ainsi qu’en générant des mouvements de participation active des femmes à la vie en société. Son travail, soutenu par l’organisation Eirene Suisse, a eu un impact global positif. Par exemple, des groupements se sont autoorganisés pour permettre aux femmes de générés des revenus supplémentaires, pour accéder à plus de pouvoir décisionnels, mais également pour challenger les normes sociales établies. Les femmes qui font partie de ses groupements exercent aussi une influence positive sur les prochaines générations d’hommes, entrainant un impact durable sur la réduction des violences. GWED-G continue à les accompagner dans ce processus.
Cette initiative, soutenue par la Fondation Paul K. Feyerabend en collaboration avec Eirene Suisse, permettra de renforcer l’entraide et la solidarité mutuelle parmi le personnel de GWED-G, parmi les femmes leaders actives dans la médiation et la paix, parmi les femmes de plusieurs villages, et parmi tous les acteurs concernés (police, santé, leaders politiques et culturels) vers la construction d’une société solidaire, vouée à la paix et au respect mutuel. La méthodologie choisie est celle de la recherche action participative dans les régions ou GWED-D est déjà actif. Au travers de discussions en profondeur avec les femmes concernant leurs besoins et les formes et les occasions d’entraide et de solidarité mutuelle connus et expérimenté dans leurs communautés, la facilitatrice du projet— Mme Charlotte Ziegler, volontaire pour Eirene Suisse— accompagnera la génération d’une compréhension collective sur ce qui est déjà entrepris au niveau de l’entraide et de la solidarité mutuelle parmi le personnel de GWED-G, mais aussi entre les femmes actives dans la médiation de la paix et les femmes de villages. Cette compréhension collective est tout à fait nécessaire pour comprendre comment encourager au mieux la solidarité à plusieurs niveaux dans le contexte local. Les effets d’entraînement de ce projet pourraient bien être élevés. Mme Ziegler mettra ses compétences à disposition pour élaborer le processus de recherche-action participatif et l’accompagner en encourageant les mouvements de solidarité locale à plusieurs niveaux.
Pendant les 18 mois de l’initiative, plusieurs interviews en one to one et en groupe seront organisées entre la facilitatrice et les différents acteurs et bénéficiaires des initiatives de Eirene Suisse et GWED-G dans le but d’identifier les formes et les occasions d’entraide et de solidarité mutuelle ainsi que les concepts en langues locales liés à ces questions, et leurs différents significations. Ainsi, il est envisagé que les participants produiront une liste des concepts en langues locales liés aux questions d’entraide et de solidarité mutuelle, documenteront leurs différents significations et expressions culturelles locales, identifieront les éléments qui ne fonctionnent pas de façon optimale et les changements désirés, etc. En particulier, le processus de recherche action participatif se reproduira au niveau des femmes des communautés pour générer le plus possible d’auto-conscience et de solidarité à tous les niveaux. L’action recherche participative, en effet, génère des résultats en soi car elle est capable de générer la compréhension collective et partagée de ce qui possible et désirable dans les contextes connus par les acteurs engagés. Les participants attendus sont les acteurs de GWED-G, les femmes médiatrices, les femmes des villages… mais aussi d’autres acteurs—tel que le personnel local de santé ou la police et les juges—qui pourraient bâtir un réseau local de personnes prêtes à collaborer vers des solutions robustes et durables aux problèmes de violations des droits humains. Au-delà des mois quand elle sera active, cette initiative vise à pérenniser ses acquis à travers ce réseau, conscient et actif, pour la solidarité mutuelle à Gulu.