Trois communautés du Haut Atlas marocain sont aidées à s'engager dans la recherche-action et à agir pour l'avenir qu'elles souhaitent, notamment par le plaidoyer politique de leurs propres priorités

Trois communautés du Haut Atlas marocain sont aidées à s’engager dans la recherche-action et à agir pour l’avenir qu’elles souhaitent, notamment par le plaidoyer politique de leurs propres priorités

Cette initiative concerne trois communautés de la région du Haut Atlas au Maroc : deux communautés amazighes (Tinmkar et vallée de Zat) qui pratiquent l’agropastoralisme ainsi que des cultures de rente et d’autres activités de subsistance, et une communauté oasienne dans la vallée du Draa, aux alentours de Zagora.  Les communautés rurales des montagnes de l’Atlas sont généralement désavantagées par rapport aux basses terres et aux zones urbaines du Maroc. Elles sont contraintes par des terres agricoles et des ressources en eau limitées et ont eu beaucoup moins accès à la vulgarisation agricole et au développement des infrastructures. La plupart des habitants pratiquent l’agropastoralisme, associant l’élevage à la culture de céréales, de légumes, de fourrage, de plantes médicinales et aromatiques et d’arbres sur des terrasses irriguées.  Les stratégies locales de subsistance et les techniques agricoles varient en fonction de l’accès à l’eau et de l’altitude.

L’attention accrue portée aux communautés du Haut Atlas à la suite du tremblement de terre désastreux de 2023 leur offre de meilleures opportunités de forger des voies de développement qui célèbrent et s’appuient sur leurs connaissances et pratiques traditionnelles.  Les savoirs autochtones jouent un rôle multidimensionnel dans le soutien à la résilience des communautés et de l’environnement et ont reçu l’attention de divers chercheurs et organisations internationales pour leurs multiples avantages bien connus en matière de gestion durable des terres et de l’eau et de conservation de la biodiversité.  Plus important encore, les communautés locales qui vivent avec la terre, l’eau et la biodiversité utilisent leurs connaissances autochtones pour continuer à vivre avec elles et à partir d’elles.  En effet, leur survie à travers les âges – malgré les conditions locales difficiles – n’est attribuable qu’à leur savoir autochtone sophistiqué et à leur capacité à surmonter les parasites, les maladies, la sécheresse, la famine et bien d’autres désastres et menaces.

En travaillant avec les communautés du Haut Atlas pour qu’elles envisagent leurs propres voies vers un avenir durable et équitable, ce projet centre son action sur les connaissances traditionnelles et la solidarité collective des trois communautés, ainsi que sur les priorités qu’elles ont elles-mêmes identifiées. Les communautés apprendront à identifier leurs propres connaissances écologiques traditionnelles (CET) et à les mettre en réseau, et deviendront ainsi de meilleurs défenseurs de leurs intérêts dans les forums politiques.  En tant que projet de recherche-action, ce travail ajoutera également de la visibilité et de l' »autorité » à la voix de la communauté par le biais de publications.

L’initiative comprend une série de réunions animées au cours desquelles les trois communautés envisageront diverses trajectoires possibles pour leur propre « avenir socio-écologique » durable et équitable.  Elles célèbreront leur histoire collective et reconnaîtront le rôle joué par tous les membres de la communauté – les anciens et les jeunes, les femmes et les hommes.  Ils dresseront la carte de leurs « territoires de vie » et identifieront qui, et de quelle manière, a joué un rôle dans la gouvernance, la gestion et l’exploitation de ces territoires, en particulier en ce qui concerne les ressources telles que l’eau, les forêts et les pâturages, qui sont mieux gérées collectivement, avec l’attention et la contribution de tous les membres de la communauté. Après avoir dégagé un consensus communautaire sur la trajectoire préférée pour un avenir durable et équitable, les communautés seront aidées à planifier cet avenir, notamment en définissant ce qu’elles doivent et veulent faire elles-mêmes et ce qu’elles peuvent souhaiter défendre auprès d’autres acteurs sociaux et autorités, par exemple dans le cas d’une intervention politique souhaitée.

L’initiative s’inscrit dans le cadre d’un travail en cours visant à aider les communautés à identifier et à communiquer les sujets et les types de partenariat qu’elles souhaitent avoir avec les institutions académiques, telles que l’Université Polytechnique Mohammed VI (UM6P). Cet effort est une étape nécessaire vers des approches de recherche dirigées par les communautés au Maroc.  L’initiative soutenue par la Fondation Paul K. Feyerabend y contribuera, car elle aidera également les communautés à se familiariser avec l’éthique de la recherche, la préparation à la recherche et les moyens de mener de futures collaborations de recherche. Dans le cadre des efforts en cours pour mettre en place une communauté de pratique hébergée par l’UM6P, les communautés auront l’occasion de travailler en réseau avec des chercheurs de tout le Maroc et d’ailleurs.  Les savoirs traditionnels, la recherche scientifique et la recherche engagée par les communautés dialogueront pour résoudre les problèmes socio-écologiques urgents et soutenir la résilience des communautés rurales. D’autres initiatives et sujets de recherche spécifiques devraient émerger des travaux initiaux, en fonction des priorités de la communauté.