Lottie Cunningham Wren : promouvoir la solidarité mutuelle et les droits humains pour défendre la vie, la culture et la nature du peuple Miskito du Nicaragua.
Pendant trente ans, Lottie Cunningham Wren, avocate Miskitu, a travaillé aux niveaux national et international pour garantir les droits à la terre des peuples autochtones vivant le long de la côte caraïbe du Nicaragua. Elle fait preuve d’un engagement exemplaire, car ses capacités professionnelles et ses qualités et valeurs humaines se sont fondues pour générer un engagement unique qui est aussi résilient de manière unique. Rendre la solidarité communautaire possible est la marque du travail de toute sa vie.
En 1997, Lottie a cofondé le Centre pour la justice et les droits humains de la côte atlantique du Nicaragua (CEJUDHCAN), qui aide les communautés autochtones nicaraguayennes à mettre en place une gouvernance autonome des terres communales. CEJUDHCAN est aujourd’hui le représentant légal de 197 gouvernements communaux et de neuf gouvernements territoriaux. Ses programmes ont aidé les dirigeants autochtones à renforcer leurs capacités et à comprendre et adopter le cadre juridique qui soutient les droits territoriaux des peuples autochtones et des personnes d’ascendance africaine au Nicaragua.
Lottie a formé des communautés autochtones du monde entier à utiliser sa stratégie novatrice du droit des droits humains pour faire progresser les droits culturels et écologiques. Elle documente et conteste l’accaparement violent des terres dans la région autonome de l’Atlantique, au Nicaragua, où le gouvernement nicaraguayen a encouragé des colons non autochtones à s’installer dans des territoires autochtones. L’accaparement des terres oblige les villages Miskitu à abandonner leurs terres ancestrales et à fuir pour se mettre en sécurité. Les villages perdent l’accès à leurs fermes et les communautés souffrent de la faim. Environ 40 000 villageois ne peuvent accéder en toute sécurité à une partie ou à la totalité de leurs terres agricoles, car des hommes armés ont aménagé des campements dans des fermes Miskitu pendant qu’ils déboisent illégalement de précieux bois durs tropicaux et élèvent du bétail pour l’exportation vers les États-Unis. Les meurtres, les passages à tabac, les viols et les enlèvements d’indigènes créent la peur à chaque instant de la vie des Miskitu. Les villageois attendent dans la terreur les attaques perpétrées avant l’aube sur leurs maisons, comme dans les villages de Polo Paiwas et Esperanza Rio Wawa.
CEJUDHCAN a documenté et signalé à la CIDH des centaines de violations des droits de l’homme commises par ces envahisseurs armés contre des peuples autochtones sur leurs terres autonomes. Le long de la côte atlantique du Nicaragua, plus de 15 000 personnes ont fui des villages attaqués par des envahisseurs et se sont réfugiées dans d’autres villages. En première ligne de ce conflit, Lottie est connue dans tout le Nicaragua comme un défenseur des droits humains autochtone. Malgré les menaces de mort, bien que les forces à l’origine de l’accaparement des terres indigènes comptent parmi les plus puissantes et les plus riches du Nicaragua, Lottie a persévéré et garanti la protection de la CIDH pour plus de 20 000 Miskitu dans les territoires les plus menacés.
La stratégie de Lottie s’appuie sur la valeur fondamentale des communautés autochtones : la solidarité mutuelle. C’est seulement en s’unissant que les communautés autochtones pourront faire face à la menace qui pèse actuellement sur leur survie… et Lottie a compris cela en encourageant la mise en place d’équipes d’intervention rapide en matière de droits humains basées dans les villages. Des équipes composées de sept personnes dans douze villages ont été préparées par leur communauté et dotées d’une stratégie légale et des demandes claires de la communauté. À tout moment, les équipes d’intervention rapide sont habilitées à défendre les besoins de la communauté sur la scène locale, régionale et internationale. Et des équipes multi territoriales ont renforcé la direction des villages, affaiblissant ainsi les campagnes de criminalisation, d’intimidation et de désinformation promues et utilisées par le gouvernement.
Lottie a également mis sur pied une équipe de partenaires internationaux pour aider les villages «sous mesures de protection» à trouver des solutions aux luttes quotidiennes tout en patientant pendant la lente marche de la justice devant les tribunaux internationaux. Cela a permis d’améliorer l’accès à des produits alimentaires sûrs pour plus de 20 000 villageois. Lottie et son équipe d’avocats spécialisés dans la défense des droits humains défendent les droits humains … mais soutiennent également les projets communautaires visant à améliorer la sécurité alimentaire et hydrique, la conservation de la nature, les économies durables, les droits reproductifs des femmes et l’égalité des sexes, et à prévenir la violence domestique. CEJUDHCAN s’efforce également d’inclure les femmes dans les organes de décision. L’engagement de Lottie en faveur de la justice et des droits de l’homme s’étend au-delà de la côte atlantique, car elle a joué un rôle déterminant dans l’organisation de communautés opposées au canal transpacifique nicaraguayen tout au long du parcours prévu. Le CEJUDHCAN fonctionne avec un soutien financier minimal, et les représentants de l’État entravent le financement des efforts de résistance indigène et du travail juridique de Lottie. Mais Lottie persiste.
A télécharger : Nicaragua Failed Revolution (PDF in english which offers an amazing account of the work of Lottie’s organisation).