Sécurité et solidarité vont de pair pour la communauté Adiwasi Baiga de l’Inde centrale
Cette initiative de l’organisation de la société civile Adiwasi Samta Manch concerne 20 villages du district de Kabirdham, dans l’État de Chhattisgarh, en Inde centrale. Ces villages sont habités par les Baiga, un groupe Adiwasi qui s’est vu attribuer le statut de groupe tribal particulièrement vulnérable (PVTG). Actuellement, les principales menaces sur leurs moyens de subsistance et leur bien-être proviennent des politiques forestières et minières de l’État et de leurs alliés industriels, qui risquent de permettre la prise de contrôle sur leurs territoires de vie.
L’initiative soutenue par la Fondation PKF vise à assurer la protection juridique du territoire traditionnel des Baiga en aidant les communautés à faire valoir leurs droits territoriaux en vertu des dispositions de la loi sur les droits fonciers de 2006 qui traitent spécifiquement des tribus inscrites et des habitants d’autres forêts traditionnelles. Garantir ces droits assurera la solidarité intracommunautaire et le bien-être des Baiga, en leur permettant de poursuivre leurs pratiques traditionnelles en matière de moyens de subsistance, où la solidarité communautaire et une interaction quotidienne profonde avec la forêt sont des caractéristiques intrinsèques fondamentales. Adiwasi Samta Manch aide également les communautés à élaborer des protocoles communautaires bioculturels dans au moins 10 villages, dans le but de protéger les Baiga de la mise sous contrôle commercial de leur biodiversité et de leur culture. Dans une autre dimension connexe de l’initiative, les communautés seront aidées à formuler et à mettre en œuvre leurs propres plans de gestion et de conservation des territoires qu’elles auront réussi à sécuriser par des droits collectifs, et à rechercher des droits économiques en vertu de la Loi sur la garantie de l’emploi rural de Mahatama Gandhi (100 jours d’emploi salarié garantis par an).
Les Baiga sont les protecteurs de la Terre et de sa jungle et n’ont jamais voulu labourer la terre (un labour équivaudrait à percer la poitrine de la Terre et à la faire saigner). Jusqu’à récemment, leurs moyens de subsistance reposaient uniquement sur la collecte de produits forestiers mineurs et la pratique de la culture itinérante. Selon les aînés Baiga (Siyan), leur territoire d’origine s’étendait sur 6 000 km2 dans le Chhattisgarh et le Madhya Pradesh voisin, recouvert de forêts où ils pratiquaient la culture itinérante. La grande étendue de leur territoire traditionnel leur permettait de laisser des zones en jachère pendant de nombreuses années après leur mise en culture. Aujourd’hui, cependant, une grande partie de ce territoire traditionnel a été perdu pour les Baiga et se limite à de petites parcelles de forêts qu’ils sont obligés de cultiver plus souvent. C’est pourquoi ils ont même commencé à pratiquer une agriculture conventionnelle … bien que de manière très limitée.
Adiwasi Samta Manch organisera une formation juridique pour les Baiga afin qu’ils comprennent les dispositions et la portée de la loi sur les droits forestiers. Ceci sera suivi de Gram Sabhas (assemblées villageoises) qui devraient s’accorder (Consentement libre, préalable et en connaissance de cause) sur des résolutions poursuivant la demande de leurs droits à l’habitat, élaborant des protocoles communautaires bioculturels et organisant toutes les réunions et consultations pertinentes. Adiwasi Samta Manch offrira également des opportunités de renforcement des capacités aux volontaires de la communauté et organisera une série de réunions pour discuter du «mode de vie» Baiga, de leur vision du monde et de leur relation avec le territoire. Dans ce cadre, il est prévu de documenter les questions de pratique culturelle et spirituelle et de relation avec le territoire et de son bien-être. Les témoignages sur les moyens de subsistance des Baiga et leur relation avec leurs territoires de vie incluront probablement les pratiques documentées sur l’agriculture traditionnelle itinérante et la collecte de produits forestiers mineurs, des cartes, des points GPS et des récits relatifs aux forêts et à leur biodiversité. Comme les revendications pour l’habitat déposées en Inde étaient jusqu’ici extrêmement rares, cette expérience sera utile à d’autres communautés après les Baiga pour faire valoir leurs droits.